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Petit blog clandestin

7 janvier 2014

Je continue à pautauger dans le sordide...

Scène ce matin. JY (on va l'appeler ainsi, ce sera plus imple) veut que j'invite notre ancienne femme de ménage, pour lui souhaiter le nouvel an avec thé et chocolats. Je hausse les épaules, et nous nous disputons, fort brièvement heureusement (il doit partir faire les courses pour sa mère, fort âgée).

Intérieurement, je me sens de plus en plus triste : Jy est vraiment très délicat pour les autres, n'est-ce pas ? Mais sa posture vis-à-vis de moi, c'est de me dire "bon je ne suis responsable en rien de ta colère et de ta tristesse, c'est ton boulot qui fait ça moi je suis à plaindre et c'est tout". Il ne lèvera pas le petit doigt pour arranger le climat entre lui et moi.

Il n'a pas tort sur un point : effectivement, mon boulot m'angoisse, puisque j'ai assigné mon employeur au tribunal et que je vais devoir pourtant retourner travailler. Mais justement : j'aurais donc besoin d'un vrai soutien, le plus sérieux possible... Or...

 

Or Jy est attaché à moi à la manière des chats. Pour le confort. Mais il est devenu de plus en plus incapable de faire un effort pour autre chose que lui-même. Un exemple :

tous les ans, avec soit des copains, soit ses fils, sans moi donc, il va en vacances de neige, une semaine. Moi je reste là pour m'occuper des bêtes, et de la maison... Il est hébergé là-bas chez un ami qui tient un gîte, et qui s'arrange pour lui réserver une chambre. Mais c'est assez aléatoire, parce que l'ami en question accueille en priorité des groupes. Bref. Coup de téléphone, il y a deux jours. Je n'ai entendu que les réponses joyeuses de JY; Oui, c'était super, il remerciait son ami de lui garder une place. La semaine du 15 février ? pas de problème, cela collait avec l'emploi du temps de son fils, tout allait bien. Bon, il y avait bien ce rendez-vous chez l'ophtalmo de la vieille mamie, mais il allait s'arranger, tout était donc parfait. ( lire sous "il allait s'arranger" que ce serait moi qui conduirait Mamie).

Tout va bien, tout va pour le mieux.

Sauf que c'est précisément la semaine du 15 février que je reprends le boulot, à mi-temps thérapeutique.

JY l'a tout simplement oublié dans sa conversation avec son pote. Il l'a oublié !!! Je n'arrive toujours pas à y croire. Il sait que c'est plus qu'important, et difficile, et douloureux, pour moi, et il l 'oublie si aisément.

Il faut savoir qu'il y a sept ans, c'était l'inverse : c'était lui qui avait des problèmes sérieux à son boulot, et moi qui tentais de le soutenir. Eh bien, je "n'oubliais pas", moi, ses échéances, et j'étais là de toutes les manières pour lui...

Je vais donc avoir le droit de reprendre le boulot, et de rentrer dans la maison vide, de faire les corvées et d'aller me coucher, pendant que lui s'éclatera dans la poudreuse, sans l'ombre d'un remords. Bien sûr, s'il m'avait présenté la chose en disant : "écoute, ça m'embête de partir ce jour-là, veux-tu que je retarde mon départ d'une journée ?" Je lui aurais répondu "mais non, vas-y, tu aimes tant ces vacances et cela fera du bien au fiston, je vais tenir le coup". Mais là... Une telle indifférence à mes difficultés, un tel égoïsme dans la recherche du plaisir...

Je ne sais ce qui le dispute le plus en moins : la colère ou la tristesse ? Coktail des deux, breuvage amer, et je regarde toute notre histoire avec l'oeil désenchanté et lucide de la déception la plus absolue...

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6 janvier 2014

Le danger de la sincérité

Le danger d'un blog comme celui-ci, c'est évidemment l'image de moi-même qui risque d'en sortir : acariâtre, rancunière, voire envieuse ou hystérique. Mais je n'ai déjà, dans la vraie vie, pas trop bonne presse. La solitude, un certain isolement, des rejets marqués ou bien des enthousiasmes suspects : je n'ai pas une personnalité lisse, qui permet une vie sociale facile et d'obtenir aisément  la sécurité affective.

Longtemps, je me contentais de prendre note du phénomène, d'un haussement d'épaules. C'était mon énergie, me semblait-il, qui faisait que "les autres", s'accrochant à moi comme des wagons, se laissant entraîner, les éloignait de moi. Et puis une apparence physique qui s'était beaucoup dégradée, ces dernières années. Si vous y ajoutez mes goûts pour la lecture, l'étude, les débats intellectuels, mon incapacité à jouer le rôle de miroir complaisant que beaucoup d'hommes demandent à leurs compagnes, vous en déduirez facilement que ma vie amoureuse n'a pas dû être facile tous les jours, et que mon premier mouvement, vis-à-vis de mes compagnons successifs, a été la reconnaissance. Chacun d'entre eux (il n'y en a pas eu tant que cela, autant que de doigts d'un main simplement, si l'on parle des amours "nécessaires") avait dû faire l'effort de passer outre ce qu'il y a de déplaisant chez moi, avant tout  cette incapacité à accepter ce qu'il peut y avoir de "bien" dans ma personnalité. Je veux dire que, jeune, il suffisait qu'un garçon me recherche et me regarde pour que je le fuis à tout jamais. Je n'aimais que ceux qui manifestaient, par leur indifférence à ma personne, une sorte de supériorité que je ne rencontrais pas souvent, que j'accordais à regret, et que je souhaitais inconsciemment détruire. 

L'histoire la plus importante de ma vie a donc bien été celle que je vis avec mon compagnon actuel, que j'envisage cependant, de plus en plus sérieusement, de quitter. Elle a duré, voyons, de 1988 à aujourd'hui ? 25 ans ? Comment peut-on sérieusement envisager de quitter quelqu'un chez qui on vit, avec qui on a eu un enfant -désormais adulte-, et qui a partagé tant et tant de tempêtes et de doux printemps avec vous ? Pour l'instant, je ne voudrais pas approfondir ce "comment" si terrible (car je ne sais certes pas "comment le quitter"). Je voudrais juste énumérer les "pourquoi".

Ce matin : cela fait le deuxième jour que je l'évite dans la maison, que je me tais, ce qui n'est certes pas mon habitude. On pourrait croire à du chantage : c'est plutôt l'attente anxieuse d'un signe d'attention, d'une question qu'il pourrait se, et me, poser : qu'est-ce qui ne va pas ?

Or, mon compagnon est incapable d'une telle démarche, si simple cependant. Toute remise en cause, même minime, de lui-même est inenvisageable. Je crois que c'est de cela que je souffre le plus, d'autant que cette posture se rigidifie, année après année. J'en suis d'ailleurs partiellement responsable. N'ai-je pas, sur mon blog "officiel", dressé le portrait d'un homme génial à tous points de vue ? N'ai-je pas écrit des textes d'amoureuse, de compagne fidèle ? N'ai-je pas encouragé cet orgueil, dont la souche première lui vient de son éducation ?

Conversation entre lui et son fils aîné (d'une première femme) : "Oui, je vais refaire tout le parquet de l'étage, je commence par le palier...

Moi : "ah oui, et on changera le tapis rouge, qui "jure" avec le fauteuil rose...

Lui : "ah non, tu ne vas pas commencer à foutre ta merde". "

En fait, il veut dire "tes merdes". Le mécanisme est simple. Notre rapport aux objets et si différent, entre lui et moi, qu'il a engendré chez lui un franc mépris pour mes goûts ou ma manière de faire. Comme la maison est à lui, le résultat est très simple : je n'ai jamais voix au chapitre. Il décide de tout, ayant estimé, une fois pour toutes, que non seulement je ne suis capable que d'acheter ou d'agencer "des merdes", mais encore que seule sa façon à lui de gérer les objets est la bonne.

Or, cette façon est caractérisée par un respect exagéré des choses, qui, au lieu de le servir, deviennent les maîtres. Je veux dire qu'il est capable d'adopter des postures très inconfortables, d'avoir des pratiques d'une complexité incroyables, pour "ne pas abîmer", ce qu'il exprime par "respecter le travail bien fait". Il exige évidemment de son entourage d'adopter la même attitude. Seulement, voilà : il ne se rend pas compte de la névrose que cette posture peut révéler, quand le souci des choses matérielles l'emporte sur tout autre considération.

Souvent, je me dis que si j'obtenais, de sa part, le dixième de l'attention qu'il porte au matériel, la relation serait bien moins difficile entre nous. Les tensions sont donc quotidiennes à ce sujet. Car j'estime, pour ma part, que si l'on doit effectivement respecter le travail bien fait, il n'en est pas moins essentiel de ne pas se laisser bouffer par une utilisation excessivement précautionneuse des objets qui doivent nous servir.. .

Exemple concret. Il a eu envie d'une nouvelle carriole (nous avons en effet des ânes, que nous attelons pour des promenades) : elle était très chère, mais luxueuse. Un peu trop chère pour lui cependant : il m'a donc entraînée dans cet achat, qui ne suscitait pas chez moi la même convoitise que chez lui. Mais j'ai toujours été trop faible avec lui, à cause de cette fichue reconnaissance et à cause du sentiment de mon indignité. De plus, j'avais toujours un peu mauvaise conscience avec l'ancienne carriole, un peu trop lourde pour l'âne qui la tractait. La nouvelle, mieux équilibrée, serait plus facile pour l'animal  : bref, j'ai accepté de partager l'achat, qui représentait 500 euros chacun, à UNE CONDITION cependant : que la nouvelle carriole n'engendre pas de nouvelles pratiques ou de nouvelles sujétions. Que la vie avec la nouvelle carriole ne suppose pas de nouvelles  précautions, bref, que nous ayons le même rapport avec la nouvelle que l'ancienne, rustique, brinquebalante et moins confortable. Il me le promit. Quand il a une envie, il est prêt à promettre tout, même la lune...

Que croyez-vous qu'il arrivât ? Bien entendu, tout changea. Il fallut d'abord trouver un tissu qui protégeait la carriole, mais qui nécessitait, à chaque sortie et rentrée, d'être deux pour l'installer. Puis on demanda aux enfants embarqués de "faire bien attention" à la nouvelle capote (qui était d'un cuir plus luxueux que l'ancienne, qui montrait des trous, mais dont le peu de valeur faisait que les enfants pouvaient s'y adosser), et à ne "pas salir" (ah là là). Enfin, il fallut désormais désormais fermer la porte de la grange, de peur que l'humidité abimât la nouvelle carriole.

Le plaisir de posséder devint plus grand que le plaisir d'utiliser. Notre nouvelle carriole "sort" quatre fois moins que l'ancienne... Certes, l'âne, qui a vieilli, n'est plus capable de travailler autant. Mais nous avons une ânesse qui pourrait parfaitement être attelée. La vérité est que la carriole, qui n'est pas "de la merde", représente désormais un "capital", qu'il convient de protéger. Le sentiment de trahison ("rien" ne devait changer...) m'a amenée  à tenter de lutter, un peu. J'ouvrais systématiquement la porte de la grange, car la fermeture de cette porte me renvoie directement à la maison où mon compagnon a été élevé, et où les portes sont toujours fermées. Je refuse, dans un mouvement de révolte impuissant et dérisoire, d'adhérer à cette conception des choses...

Mais je ne suis certes pas la plus forte. N'habité-je pas chez lui, avant tout ?

5 janvier 2014

Et d'abord, d'où je viens.

Je sais que ce que je vais raconter ici risque de paraître fort curieux, voire peu intelligible, à la majorité des passants. Mais pourtant, il faut se souvenir, pour me comprendre, que j'ai eu vingt ans en 1975. Période de bouleversements, où l'on croyait encore, après 68, qu'il fallait exiger l'impossible, et qu'on avait ,sous les pavés, la plage. Période où le féminisme posait activement ses brûlantes questions, et où l'on pouvait passer quatre heures, à huit, à se demander qui allait faire la vaisselle.

 

Je suis issue, pleinement, de l'idéologie de ce temps-là, avec ses outrances et son espoir, son insouciance et ses contradictions. Il s'agissait de faire s'écrouler le vieux monde. Bien. Mais dans le tohu-bohu, la remise en cause de la société de consommation passait par de bien curieux chemins. Certains de mes amis, longs cheveux, démarche dégingandée, allocations chômage en poche, ne faisaient réellement rien d'autre de leurs journées que chercher à acheter du shit, tout en dénonçant le "système". Nous parlions de tout et de n'importe quoi, étions persuadés d'être différents de nos parents. Mais pourtant, à la question "et s'il y avait une guerre et un exode, où irais-tu ?", la réponse, invariablement, était familiale...

La plus forte vague qui m'emporta fut évidemment celle du féminisme. Groupe femmes de la fac de lettres, café femmes, manifestations sur le thème de la rue, la nuit, et libération sexuelle. Avec, là encore, outrances diverses et variées. La jalousie était niée, ce n'était que de la "peste émotionnelle", au sens de Reich,  petite-bourgeoise. L'école ? Un leurre, un emplâtre sur une jambe de bois, la voie royale de la reconduction sociale, façon Bourdieu. La littérature ? un degré zéro, d'après Barthes.

Je ne partageais certes pas les outrances de mon temps, mais j'ai toujours gardé quelques convictions, suivies d'effet. Un. Suivre les enseignements du deuxième sexe, de Simone de Beauvoir, et privilégier des "amours nécessaires", tout en m'autorisant des "amours contingentes". deux. Tenir farouchement à mon indépendance financière, et pour cela accepter un travail alimentaire. trois. Ne jamais céder à la peur, même en face du harcèlement de rue (j'en étais souvent la victime, comme toutes), et tenter d'appliquer mes convictions à ma vie.

Je lisais avec avidité à peu près tout ce qui me tombait sous la main, et tirai le plus grand avantage des lectures croisées de Marcel Proust et Virginia Woolf. Aujourd'hui, je me dis que tout pourrait aller mieux dans ma vie si j'avais suivi plus strictement le conseil  de Virginia. Mais je n'ai pas farouchement exigé d'"avoir une chambre à moi". D'où, sans doute, cette impression de n'avoir pas vraiment de "chez moi". Et de fait : objectivement, j'habite chez un autre.

5 janvier 2014

Un petit blog clandestin...

Je suis une blogueuse disons, reconnue. Enfin un peu trop connue surtout. Ce qui m'embête le plus, c'est que mes proches ont l'habitude de venir sur mon blog "officiel", et sont souvent dévorés de curiosité. Je ne peux donc pas trop en dire, de peur de blesser autrui, alors même que, parfois, le joli et gentil personnage que j'ai créé, et qui me ressemble comme une soeur, ment comme un arracheur de dents, afin de parer sa vie de jolies couleurs.

 

or la réalité est souvent bien plus douloureuse et plus grise que cela. En ce moment, par exemple, j'ai accumulé tant de rancune envers mon compagnon que j'ai envie de le quitter, lui, sa maison, son "domaine", ses amis et son chien. Je sais que beaucoup pourraient me trouver complètement folle. Quitter une relation si patiemment construite depuis vingt ans, et pour laquelle j'ai non seulement donné mais ai beaucoup serré les dents, alors que j'aborde la vieillesse (j'ai 58 ans), et que ma situation professionnelle est tout sauf régularisée, n'est pas forcément une bonne idée.

 

Mais justement : ce blog va me permettre, enfin je l'espère, de démêler mes sentiments, et d'exprimer ce qui, réellement, m'inquiète et me perturbe. Les reproches que je vais émettre vont peut-être me faire mal juger. Tant pis : il s'agit pour moi de "dire vrai", d'accéder à une sincérité que mes travaux littéraires, ailleurs, ne me permettent plus d'atteindre.

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